2018.
Installation (élastique, bois, béton, électronique, PLA , moteurs).
Ma tête est ensanglantée mais insoumise est une pièce expérimentale. Celle-ci fait preuve d’un « comportement » désordonné, sans cohérence apparente, comme si
le corps du robot s’animait sous l’emprise d’une drogue ou de l’alcool. Le but est ici de recréer la problématique de communication entre le système de captation et les réponses motrices ; la logique interne du système présenté est ainsi démontrée par l’équilibre des tensions tensègres de la pièce, malgré l’impression d’anormalité qu’on peut s’en faire, soulignant ainsi le caractère extrêmement normatif de nos critères de jugement sur le « contrôle de soi ».
Le titre, Ma tête est ensanglantée mais insoumise, est extrait du poème lnvic-
tus de William Ernest Henley. Cette expression a par la suite été récupérée par l’organisation des Alcooliques anonymes pour tourner en dérision les « alcooliques qui tentent de faire preuve de volonté pour écarter les dangers de la bouteille »(1), et s’applique a eux même une stratégie thérapeutique paradoxale et improductive, an- crée dans la dichotomie corps-esprit qui les a (certainement) conduits à l’alcoolisme.
Cette pièce est inspirée d’une vidéo YouTube, dont le titre est : Mec Bourré, ivre mort dans un magasin (https://youtu.be/0G3BUZV4m58 ) et par les écrits de Gregory Bateson à propos de la théorie de l’alcoolisme. Le fait que ce soit justement un robot qui remette en jeu cette dichotomie ne manque pas d’ironie : nos amies les machines ne sont pas seulement capables de nous surpasser aux échecs ; elles peuvent également nous rappeler en quoi notre appréhension de nous-mêmes est soumise à un ensemble d’a priori finalement irrationnels.
(1)Gregory Bateson, La cybernétique du “soi”: une théorie de l’alcoolisme